Le jardin du printemps se prépare à l’automne
A l’automne, alors que les dernières tomates finissent de rougir au jardin, il faut déjà penser au printemps prochain. Car quand on demande aux vers de terre (et à tous leurs copains) de travailler pour nous, il faut leur laisser le temps. Ils savent préparer la terre bien mieux que n’importe quel motoculteur, mais ils le font beaucoup moins vite.
C’est pour ça qu’en ce moment je fais rentrer du fumier frais et très pailleux du centre équestre voisin, ainsi que de la vieille paille « déclassée » qu’on voit sur les photos. Étalés en couches épaisses sur les futurs planches de cultures, ce mulch viendra à la fois désherber, nourrir tous les petits habitants sous-terrain, et éviter que les pluies d’automne ne viennent tasser et lessiver la terre si elle avait été mise à nu.
Couvrir le sol
En plus, en formant comme une couverture sur le sol, la terre restera plus chaude durant l’hiver et permettra ainsi à la « vie du sol » de rester en surface pour mieux digérer les racines présentes sous le mulch, puis, petit à petit, décomposer et transformer cette couverture en l’intégrant à la terre.
Mais attention, tous ces habitants du sol ont bien sûr besoin d’eau et de nourriture, mais aussi besoin d’air. En effet, nombre de ces petites bêtes ont, comme nous, besoin d’oxygène pour vivre. Et certaines bactéries, les azotobacters, présentent la particularité de savoir fixer l’azote de l’air pour la restituer plus tard. Elles nous sont donc très précieuse 🙂
C’est pour ça que toute l’année, mais particulièrement à l’automne, quand je recouvre mon sol, je pense à tous ces êtres vivants qui travaillent pour moi, et dont je prends soin en leur donnant un toit et de quoi manger pour l’hiver… mais sans les étouffer.
Pour aller plus loin : apprendre à jardiner sans travailler son sol
Et vous, comment préparez-vous le printemps ? Quel mulch utilisez-vous ? N’hésitez pas à utiliser les commentaires ci-dessous pour partager votre trucs et astuces à propos du mulch, ou à me poser des questions.
Jérôme BOISNEAU
La formation avec Jérôme m’a beaucoup appris. Bien plus que n’importe quel livre ou vidéo. En plus il nous apprends à repérer dans le sol, en l’observant, des signes qui permettent ensuite de savoir comment agir dans notre jardin. Maintenant, je sais quoi faire pour augmenter rapidement la fertilité de mon sol. Je recommande vraiment à tous de suivre cette formation très pratique.
Philippe
Bonjour Philippe,
et tenez-moi au courant de l’évolution de votre jardin 🙂
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Bonjour Jérôme pour un terrain en argile, la paille suffira t elle pour préparer mon ancien jardin (fait avec la beche et le motoculteur. …) pour le printemps ? Et faut il que j arrache les herbes qui ont poussé avec de le recouvrir de paille ?
Merci David
Salut David ! Content de te lire ici 😉
Chez moi, en terre très argileuse, au début ça n’a pas bien marché, car j’ignorai beaucoup de choses. Aujourd’hui j’en connais un peu plus et en fonction des observations que je fais, je sais quoi faire et comment le faire. C’est (entre autre) tout ça que j’explique au cours des 2 jours de formations « jardiner sans travail du sol« .
Et dans cette vidéo sur les pommes de terre tu peux voir les différentes étapes entre la prairie et la récolte.
Mais si tu ne peux pas venir aux formations, je t’encourage à faire de nombreux essais et à très bien observer ce qui se passe. Ca te permettra, malgré les échecs probables de certains essais, d’apprendre beaucoup et de bien progresser dans l’amélioration de ton sol.
A bientôt,
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Bonjour Jerome, merci pour le temps que vous consacrez a partager votre experience en permaculture. Concernant le paillage ou mulching, lorsque vous dites « une couche epaisse », s’agit-il de 10-15 ou 20cm que vous epandez? (desole pour l’absence d’accents, j’habite en Australie et nous avons des claviers QWERTY par ici).
Je me demande egalemt comment vous controllez les insectes en permacuture. Est-ce que la richesse bio des sols est ssuffisante pour rendre les attaques d’insectes ou de champignons negligeables ou faut-il intervenir avec des bouillies bio de maniere routiniere?
Bonjour Gaetano,
pour l’épaisseur de la couche, ça dépend de pleins de facteurs :
– type de mulch,
– état de « vivacité » du sol (son aptitude à « digérer » ce que vous lui donnez à manger)
– quelles plantations futures ?
– …
Bref, un peu compliqué de résumer (ça me prends presque une journée en formation pour bien expliquer tous les principes de fonctionnements du sol, puis les méthodes pour démarrer un jardin sans travail du sol, connaitre les différents mulch et leurs usages….) mais comme toujours, le mieux est d’expérimenter et d’observer.
Quant aux « contrôle » des insectes….c’est le moins possible, et sans aucun produit, même bio : je pense que c’est contre-productif sur le long-terme.
A bientôt,
Jérôme
Bonjour Jérôme, cette année j’essaye le foin (méthode du « jardinier paresseux » qui me semble frappée au coin du bon sens) : mon voisin et ami fermier doit me déposer trois vieilles bottes de foin que je vais étaler partout y compris dans ma nouvelle serre tunnel.
J’ai définitivement cessé de me servir de carton à cause de tous les additifs chimiques qui s’y trouvent. Au début j’utilisais aussi le fumier de cheval mais il est difficile d’être certain qu’ils ne contient ni résidus de médicaments ni vermifuges donc j’ai abandonné cette ressource. De ce fait la paille seule ne me paraissait pas suffisante pour nourrir mon sol. Une fois tous ces constats faits, le foin qui se rapproche du cycle naturel me parait être la meilleure solution. Avant de lire le blog du jardinier paresseux, j’avais déjà pensé au foin mais je craignais que les graines contenues dedans germent à la place de mes semis mais en en mettant une couche suffisamment épaisse pour étouffer la germination et en prenant quelques précautions (faux semis) ça devrait aller. Et, « cerise sur la botte de foin », il n’y a pas de résidus de traitements fongiques ou autres à craindre comme c’est le cas pour la paille…
bonjour.j ai gardé de la sciure de bois provenant des arbres(érables,aulnes,accacias) abattus en foret avec une tronçonneuse puis que j ai coupé avec une scie circulaire electrique chez moi.puis-je l utiliser pour couvrir le sol de mon potager,si oui sur quelle épaisseur?
Bonjour Joseph. La sciure de bois contient beaucoup de lignine (et donc de carbone) et peut donc participer à nourrir les « habitants » de votre sol. Cependant, il faut faire attention à son origine (et celle issue de la tronçonneuse contient sans doute pas mal d’huile de chaine), et à ne pas en mettre trop d’un coup, sous peine d’étouffer (priver d’air) les précieux auxiliaires sou-terrain. Quand j’ai de la sciure, je la met soit en couche épaisse (3-4 cm) dans les allées, soit en mélange avec un autre mulch (paille, foin..)
A bientôt,
Jérôme
Bonjour,
En regardant la photo du fumier étalé je me demande si cette quantité ne provoque pas de pollution. En effet, j’ai appris que chez nous en Sarthe, la limite autorisée est de 210 unité d’azote par hectare… rapporté au carré de jardin sur la photo n’y a t’il pas de risque de pollution localisée à base de fumier de cheval? J’ai appris que la célèbre Ferme du Bec Hellouin aurait épandu la première année1000 tonnes/hectare et que cela pourrait provoquer des pollutions dans l’eau. Pourriez vous m’éclairer sur vos quantités épandues? Merci beaucoup. Laurent.
Bonjour Laurent,
C’est une bonne question que je me suis aussi posé. Et je n’ai pas de bonne réponse, mais je pense sincèrement que cette pratique ne pollue pas. Sinon, je ne le ferai surtout pas.
Il faut savoir que la limite légale est calculée en azote minérale, donc très soluble (alors que dans le fumier c’est de l’azote organique, dont une partie est soluble, et une autre beaucoup moins), pour des terres travaillées, donc pauvres en faune et flore, et inaptes à stocker ou transformer ces minéraux solubles. Pour calculer les apports azotés du fumier que j’utilise, ce serait un peu difficile car il s’agit de fumier frais, tout juste sorti des boxes d’un centre équestre voisin, et qui est très pailleux, assez hétérogène, et auquel j’ajoute beaucoup de paille. J’utilise cette ressource car elle est de proximité, facile à obtenir et justement très peu (visiblement, mais j’ai pas de chiffres) azotée. Si je pouvais, j’utiliserais uniquement de la paille pure, car ce que je recherche, c’est surtout le carbone. Et ce qu’on voit sur la photo est surtout de la paille déclassée (qui a pris l’eau et qui à commencée à composter en tas, comme on en trouve chez les éleveurs qui font trop de stock – et qu’on me donne volontiers contre enlèvement).
Enfin, je ne le fais que sur de petites partie d’une grande prairie, ainsi, si des pluies abondantes venaient à lessiver rapidement tout l’azote soluble, la partie avale de la prairie en profiterai pour se nourrir un peu plus que d’habitude.
Bien évidemment, je ne suis pas sous terre pour savoir ce qui s’y passe (même si j’y fais régulièrement des trous d’observation), et chaque cas est unique. Ce que je sais en revanche, c’est que de telle pratique entraine une augmentation rapide du taux d’humus, qui permet d’augmenter la capacité de rétention du sol. Donc, à priori, de diminuer les pertes de minéraux par lessivage.
Malheureusement je ne connais pas d’études concernant des apports d’azote organique sur sol vivant. Mais si quelqu’un en connais une je serai ravi de pouvoir la lire.
En tout cas, merci Laurent pour cette question qui m’a permis de compléter cet article.
Jérôme
Bonjour Laurent,
La question de la quantité d’azote m’intéresse aussi.
qu’elle est votre source pour le Bec Hellouin. J’ai pu lire cette affirmation sur des forums mais M. Hervé-Gruyer a fait une réponse p50 du rapport final.
http://www.fermedubec.com/inra/Rapport-%C3%A9tude-2011-2015-Bec-Hellouin_30112015-2.pdf
Tout comme Jérôme j’ai du mal à croire à une source de pollution mais j’aimerais en savoir plus. Peut-être que l’association Maraîchage sur sol vivant en parlera dans ses formations…
Bonjour
Merci pour ce blog. En janvier j’ai refait une couverture avec du foin . Il est évident que le sol est la base de tout et après réflexion et observation mon potager avait un peu faim. Le nourrir, le protéger, être à son écoute c’est essentiel. Du coup je me renseigne sur les types de couvertures etc.. Surtout qu’ici en Camargue les conditions météo peuvent être extrême (sècheresse, inondation, mistral, sirocco, salinité du sol..) Merci encore pour le partage de votre expérience, et bonne continuation.
Je me posais la question récemment entre mettre en place un engrais vert d’hiver genre vesce/céréale qui structure et enrichit la terre, mais du coup qui apporte beaucoup moins à manger au sol puisque pas ou très peu de couverture végétale, ou bien un mulch épais comme tu le fais.
Quel est ton avis là-dessus?
Foin ? Paille ? Feuilles ? Au final, je fais selon les oppprtunites qui s’offre à moins. Et je rejoins l’idée du Jardin paresseux en prenant ce qui me tombe sous la main. Cette année, j’ai récupéré assez de feuilles. Je vais compléter avec du foin qu’un voisin me cède.
C’est plus rentable que de parcourir 30 ou 50 km et dépenser inutilement du carbone. Dans la même idée, pourquoi jeter sur un tas de compost mes restes , mélanger régulièrement ce compost puis de nouveau étaler ce compost mur dans le Jardin. Je jette souvent directement mes déchets sur le Jardin. Un des avantages , les limaces en raffolent et laissent tranquille mes salades.
Au printemps, je dégage juste l’espace nécessaire pour mes semis avec la bonne idée de Did67 sur YouTube et son couteau à pain ;-).
Bonjour Jerome,
Merci pour l’article, je suis dans la region parisienne et je travaille a préparer la terre pour planter des légumes pour mes parents dans leur jardin. La terre est lourde et argileuse et sur la pente ou je veux faire le massif elle est assez dure et pleines de racines. Quel mulch conseillerez vous? Et quel épaisseur? Pour l’instant j’ai remué la terre sans la retourner et creusé une petite tranché sur le flan du coté haut pour faciliter l’infiltration de l’eau de pluies. Ensuite j’ai recouvert de feuilles d’automnes (boulot, sophora, pommier canada, liquidambar). Mais je n’ai pas obtenue une très grande épaisseur.
Une vingtaine de cm, paille foin ou feuille ce qui le plus facile à trouver. À voir comment cela devient au printemps mais il faut savoir être patient, cela peut prendre 2 ou 3 ans pour constater de vrais résultats
Bonjour à tous
Je suis toute nouvelle sur ce site. Il est passionnant.
j’ai acquis 2 hectares en Normandie ( pré ) ou la terre est argileuse et caillouteuse. Ce pré sert à faire du foi, de très bonne qualité d’apres mon voisin qui le récupère.
j’ai gardé 500m2 pour faire un potager, sur lequel j’ai laissé pousser l’herbe, l’ai laissée monter à graines cette année. Je l’ai tondue en laissant tout sur place en septembre 2017. une fine couche en cours de décomposition s’est formée, a travers de laquelle pointe le rumex que j’ai passé l’été et l’automne à couper avant qu’il ne monte à graines ( c’est la guerre entre lui et moi, j’ai peur qu’il envahisse tout).
J’envisage de créer des buttes car les cailloux sont très présents…
Je vais avoir du fumier récupéré des 3 chevaux qui vont habiter mon pré organisé en paddocks, mais je n’aurai pas de paille à y melanger. Puis- je remplacer la paille par les produits de taille des haies alentour (quitte à les broyer) ?
Est-ce que je dois ajouter des produits de tonte d’herbe au melange fumier + Bois ou paille, quitte à « sacrifier » une parcelle de mon pré pour la tonte reguliere?
Merci de vos conseils. Je vais prendre des photos régulièrement de l’évolution de mon sol, je serais tellement fière de transformer ce terrain qualifié de: « où rien ne pousse » d’apres mon voisin, en essayant de n’utiliser que des matériaux locaux…
Bonjour
je débute en jardinage et je suis ravie de pouvoir vous lire.
J ai paillé mon potager cet automne mais sans ajout de compost car je n en avais pas, j en ai actuellement et je m apprête à le mettre, ma question est de savoir si je remet le paillis qui n est pas complètement décomposé ou si je retire tout et j en met un nouveau ?
Merci beaucoup
Je met du fumier de cheval avec beaucoup de paille.
Dans l’article, vous dîtes que vous mettez du fumier pour garder la chaleur l’hiver et que vous donnez de quoi a manger, c’est dire quelle nourriture ?
Le fumier et la paille servent à la fois d’isolant, et de nourriture pour la vie du sol.
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Bonjour,
Que d’enseignements à tirer de tous ces commentaires!!!
Je pratique la permaculture depuis 3 ans; je viens d’étaler, sur mes parcelles, 20 cm de fumier de cheval bien pailleux. J’ai pensé recouvrir le fumier avec du carton non imprimé afin que les merles n’éparpille pas le mulch. La question que je me pose est de savoir si cette couverture cartonnée ne va pas empêcher les micro-organismes de faire leur travail étant donné qu’ils ont besoin d’air pour vivre?
Merci de votre (vos) réponses.
Permaculturement vôtre.
Bernard.
Bonjour Bernard,
Mes observations m’ont permis de constater que même une bâche noir d’ensilage ne contrarie pas l’abondance de vie dans le sol.
Le carton, s’il est vraiment nécessaire, n’empêchera donc pas l’air de passer jusqu’au sol et n’étouffera donc pas les micro-organismes.
Jérôme BOISNEAU
Bonjour Jérôme,
Je viens d’étaler une épaisse couche de fumier de cheval sur mes parcelles. Je pensais couvrir le fumier avec du carton pour que la pluie ne le lessive pas. Est-ce une bonne idée?
Merci de ta réponse.
Amicalement.
Bernard.
Bernard
Bonjour Bernard,
A moins qu’il ne pleuve vraiment beaucoup, il n’y aura pas de problème de lessivage avec du fumier frais. En ce moment, le sol a besoin d’eau, et il faut beaucoup de pluie pour traverser 20 à 30 cm de fumier frais/paille. Le carton posé sur le paillage serait alors contre-productif (en empêchant l’eau d’arriver au sol)
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Bonjour Jérôme, J’ai une petite queestion : certaines personnes travaillent avec des buttes et a la place de mettre de la paille sur la couche finale ils mettent un film plastique. ou alors mieux paille et film plastique.
quelle est la meilleure technique selon toi ?
Je me lance dans le maraichage l’été prochain en me basant sur la permaculture.
Merci
Anne
Bonjour Anne,
ce qui compte, qd on utilise une bache (ou toute autre technique), c’est de savoir pour quelle raison on le fait. La bache peut avoir de nombreux roles. Les 2 principaux sont l’occultation totale, et favoriser le réchauffement du sol. Donc si on a besoin de l’un de ces 2 aspects, alors ce sera une bonne technique (en tout cas adaptée). Mais attention elle a aussi des inconvénients, et notamment la privation de pluie.
Jérôme BOISNEAU /Permaraicher
Ok Super merci de ta réponse.
Anne